13.09.17. Lurs ( Alpes de Hte Provence) l’affaire Dominici

Après Ganagobie, revenons dans les Alpes de Haute Provence , dans la région de Lurs plus exactement où une affaire criminelle datant de quelques années après la fin de la 2ème guerre mondiale n’a jamais été élucidée à ce jour. Cette période de l’après guerre fut propice à des événements parfois obscurs ayant pour objet des règlements de comptes, des faits inhérents à la fin de la Résistance et de ce qui en découlait par exemple en matière de détention d’armes de guerre, etc; ( fait important dans le cadre que nous allons aborder) des rivalités entre l’est et l’ouest quant au transfert des ingénieurs allemands d’exception dans un obscurantisme souvent méconnu, tous faits qui créèrent à l’époque des dysfonctionnements parfois tragique comme c’est peut-être le cas ici. Des familles furent blâmées à tort ou à raison. Cette « affaire » qui a fait la une des médias français à l’époque, deux films long métrage auxquels le rôle principal fut attribué à Jean Gabin et Michel Serrault , des pointures de premier ordre du cinéma français, de nombreuses émissions télévisées relancèrent à certaines époques le débat et si le grand public connaît les faits, jamais la justice française ne mit un point final aux débats. Voici donc « l’affaire Dominici »:

 

En une nuit, celle du 4 au 5 août 1952, Lurs, bourg de Haute Provence bascule dans l’horreur. Ce pittoresque village devient le berceau d’une des plus incroyables énigmes criminelles de l’après-guerre. Sir Jack Drummond, biochimiste anglais de grande réputation, son épouse lady Ann et leur fille Elizabeth, 10 ans, sont assassinés en bordure de la RN96, où ils avaient décidé de camper ? Les cadavres des parents, tués par balle, sont retrouvés près de leur voiture, une Hillman stationnée prés de la borne kilométrique 32. Le corps de la fillette, dont le crâne a été fracassé à coups de crosse, est quant à lui découvert plusieurs dizaines de mètres plus loin, sur les rives de la Durance. Ce sont les gendarmes de Forcalquier à une quinzaine de kilomètres de là qui arrivent les premiers sur les lieux du drame vers 07h30 prévenus par Aimé Perrin, un habitant proche, lui-même quémandé par Madame Dominici épouse Dominici Gustave belle-fille de Dominici Gaston, propriétaire de la ferme de la Grand Terre, ferme la plus proche du lieu du drame, l’aieul, lui-même arrivé également entre temps sur place.

La magistrature en la personne du juge Péries arrivera vers midi et le commissaire Sébeille et son équipe marseillaise quant à eux ne pourront jamais expliquer clairement leur retard ( arrivée en fin d’après-midi) ce qui aura pour conséquence un début d’enquête complètement bâclé suite à l’intrusion d’une foule importante de badauds et journalistes.

 

Le commissaire Sébeille restera quinze mois à Lurs . Quinze mois pendant lesquels il va lorgner avec une obstination quasi pathologique la Grand’Terre, une ferme massive plantée à moins de 200 mètres de la tuerie et où vit en autarcie le «clan» Dominici, sous la coupe du «patriarche» Gaston. Il fallait désigner un coupable ! Ce paysan farouche et retors en fit un fort honorable bien que des éléments probants faisant état d’espionnage et de recrutements d’ingénieurs allemands pour le compte des Anglais et des Américains engendrait une nervosité certaine dans le camp adverse.

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Illettré mais lâchant parfois de sidérants traits d’esprit, le fermier à la moustache blanche et à la ceinture de flanelle régnait en maître sur un décor de pierres et d’oliviers. Les journaux de l’époque en ont vite fait un épouvantail. Parfois empêtrée dans les mensonges, tour à tour solidaire ou déchirée par des haines recuites, la citadelle des Dominici reste imprenable. Elle fait front à la justice, vacille, tangue et se rétablit. Soudain dénoncé par ses fils Clovis et Gustave, le «patriarche» passe aux aveux à 78 ans, puis se rétracte. Au cours d’une enquête bâclée et d’un procès que l’historien Frédéric Pottecher a comparé à une tragédie grecque, le vieux paysan fut condamné à la guillotine, gracié à deux reprises, et il mourra dans son lit, emportant le lourd secret de Lurs dans sa tombe. La justice s’éteindra avec lui.

En 1972, Gabin incarne Gaston. En 1978, Les Dossiers de l’écran y consacrent un chapitre qui fera date. En 2007, TF1 revient sur l’affaire dans un téléfilm marquant avec Michel Serrault. Tragédie de mœurs autant que fait divers mythique, le massacre de Lurs ne s’efface pas de la mémoire.

Lili et Helmut

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